- Sujet zéro (exercice 8)
Note : toutes les réponses aux questions suivantes doivent être argumentées.
1) On considère deux nombres : 29/55 et 39/75.
a) Sont-il des nombres décimaux ?
Ces nombres sont rationnels (i.e. ils sont de la forme p/q avec p entier
et q entier naturel non nul).
La fraction 29/55 étant irréductible (i.e. on ne peut pas l'écrire différemment
avec un dénominateur positif plus petit), elle est décimale si et seulement si le dénominateur (i.e.
55) n'a dans sa décomposition en produit de facteurs premiers que des 2 et
des 5 ; cependant, la décomposition en produit de facteurs premiers de 55
est 55 = 5 x 11 et donc la fraction 29/55 n'est pas
décimale.
La fraction 39/75 n'est pas irréductible, mais 39/75 = 13/25 avec 13/25
qui est une fraction irréductible (i.e. on ne peut pas l'écrire différemment
avec un dénominateur positif plus petit), elle est décimale si et seulement si le dénominateur (i.e.
25) n'a dans sa décomposition en produit de facteurs premiers que des 2 et
des 5 ; cependant, la décomposition en produit de facteurs premiers de 25
est 25 = 5 x 5 et donc la fraction 39/75 = 13/25 est
décimale.
b) Comparer ces deux nombres.
On a 0,527 ≤ 29/55 ≤ 0,528 et 39/75 = 13/25 = 0,52. Ainsi, on conclut
que 39/75 = 13/25 < 29/55.
c) Trouver un nombre décimal strictement compris entre ces deux nombres.
On peut poursuivre et donner :
39/75 = 13/25 < 0,524 < 29/55.
d) Trouver une fraction qui ne soit pas un nombre décimal, strictement comprise entre
ces deux nombres.
L'hypothèse "qui ne soit pas un nombre décimal" nous empêche de fournir la réponse donnée
précédemment soit 524/1000 = 131/250. Cependant, 524/999 ou
524/1001 devraient convenir.
- En effet,
la fraction 524/999 étant irréductible (i.e. on ne peut pas l'écrire
différemment avec un dénominateur positif plus petit), elle est décimale si et seulement si
le dénominateur (i.e. 999) n'a dans sa décomposition en produit de facteurs premiers
que des 2 et des 5 ; cependant, la décomposition en produit de facteurs premiers
de 999 est 999 = 3 x 3 x 3 x 37
et donc la fraction 524/999 n'est pas décimale ;
de même, la fraction 524/1001 étant irréductible (i.e. on ne peut pas l'écrire
différemment avec un dénominateur positif plus petit), elle est décimale si et seulement si
le dénominateur (i.e. 1001) n'a dans sa décomposition en produit de facteurs premiers
que des 2 et des 5 ; cependant, la décomposition en produit de facteurs premiers
de 1001 est 1001 = 7 x 11 x 13
et donc la fraction 524/1001 n'est pas décimale.
- Maintenant qu'on sait que ces fractions ne sont pas décimales, il reste à montrer
qu'elles sont comprises entre 39/75 = 13/25 et 29/55.
Il est évident que 524/1001 < 524/1000 < 424/999. Il reste à montrer que
13/25 < 524/1001 ou que 13 x 1001
= 13013 < 25 x 524 = 13100, ce qui est évident ;
et que 524/999 < 29/55 ou que 524 x 55
= 28820 < 999 x 29 = 28971, ce qui est également évident.
Conclusion : 39/75 = 13/25 < 524/1001 < 0,524 < 524/999 < 29/55
2)
a) Ranger dans l’ordre croissant les nombres suivants :
- 1,7
- 1,07
- 1,109
- 1,81.
On a 1,07 < 1,109 < 1,7 < 1,81. Pour justifier cela, on peut expliquer
comment on peut ranger des nombres décimaux :
i. si deux décimaux ont des parties entières différentes, le plus grand est celui qui
a la plus grande partie entière ;
ii. si deux décimaux ont des parties entières égales, on classe ces nombres en
utilisant l'ordre lexicographique de leur partie décimale.
b) Donner deux décimaux strictement compris entre les nombres 1,1 et 1,11.
1,1 < 1,101 < 1,102 < 1,11. La justification de la question 2. a) demeure
valable pour la question 2. b).
Questions complémentaires
3) On considère l’exercice suivant :
Trouver un nombre compris entre
- 8,4 et 8,7
- 10,1 et 10,2
- 25 et 25,1
- 7 et 7,01.
a) Quelle propriété (notée P) de l’ensemble des nombres décimaux permet d’affirmer que
cet exercice a des solutions ? Comment la formuleriez vous pour des élèves de fin cycle 3 ?
Il s'agit de la propriété d'intercalation des décimaux : entre deux nombres décimaux,
il existe toujours un (et même une infinité) autre nombre décimal. Cette
propriété n'est évidemment plus valable si l'on remplace nombre décimal par nombre
entier.
Pour des élèves, une phrase du type "Entre deux nombres décimaux, je pourrai toujours
trouver un autre nombre décimal" peut faire l'affaire.
Remarque : il n'est pas demandé dans cette question de parler des procédures
que l'élève pourrait utiliser.
b) Expliquer pourquoi le choix des valeurs numériques est important dans ce type
d’exercice.
Le choix des valeurs influe sur la difficulté de la tâche. Voici les différentes
actions implicitement utilisées pour résoudre un tel exercice.
8,4 et 8,7
P1
[84 < 85 < 87] d'où 8,5
convient.
10,1 et 10,2
P1
[il n'existe pas d'entier entre 101 et 102]
P2
[traiter 10,1 comme 10,10 et 10,2 comme 10,20]
P1
[1010 < 1015 < 1020] d'où 10,15
convient.
25 et 25,1
P0
[traiter 25 comme 25,0]
P1
[il n'existe pas d'entier entre 250 et 251]
P2
[traiter 25 comme 25,00 et 25,1 comme 25,10]
P1
[2500 < 2505 < 2510] d'où 25,05
convient.
7 et 7,01
P0
[traiter 7 comme 7,00]
P1
[il n'existe pas d'entier entre 700 et 701]
P2
[traiter 7 comme 7,000 et 7,01 comme 7,010]
P1
[7000 < 7005 < 7010] d'où 70,05
convient.
Avec
Procédure P0 : mettre au même format les décimaux.
Procédure P1 : considérer les décimaux en omettant la virgule,
c'est-à-dire comme des entiers, trouver un entier compris entre ces
deux entiers, et placer dans cet entier trouvé la virgule au bon endroit.
Procédure P1 : considérer que la procédure P1 ne peut fonctionner
et qu'il faut la perfectionner.
Procédure P2 : l'actuel format ne convenant pas,
on utilise alors les zéros non écrits de l'écriture à virgule.
On peut alors constater un accroissement de la difficulté au cours de la séance au regard
du nombre de procédures à mettre en oeuvre.
c) Certains élèves échouent à l’exercice ci-dessus. Donner une origine vraisemblable de
leurs difficultés.
Ces difficultés ont été mises en lumière dans la réponse à la question précédente.
La principale origine de ces difficultés est que la propriété d'intercalation, qui est
vraie pour les nombres décimaux, est fausse quand il s'agit d'entiers naturels : entre
deux nombres décimaux il existe toujours un autre nombre décimal, mais entre deux entiers naturels, il
n'existe pas toujours un autre entier naturel (s'il n'en existe pas, les deux entiers
naturels sont dits consécutifs).
- Par exemple, entre 101 et 102, il n'existe pas d'entier
naturel et l'élève peut alors être amené à penser qu'il n'existe pas de nombre décimal
entre 10,1 et 10,2 : entre 101 dixièmes et 102 dixièmes,
l'élève peut croire qu'il n'existe pas de nombre décimal.
d) En quoi le travail de la propriété P est-il indispensable à la connaissance des
nombres décimaux ?
La réponse se trouve directement dans le programme du cycle 3.
A propos de la compétence "Intercaler des nombres décimaux entre deux nombres entiers
consécutifs ou entre deux nombres décimaux", il est dit : "ces activités permettent aux
élèves de prendre conscience que la notion de nombres consécutifs, valable pour les nombres
entiers, ne l’est plus pour les nombres décimaux : intercaler un nombre (décimal) entre
deux nombres décimaux devient toujours possible. Ces questions d’intercalation peuvent
également être l’occasion de rencontrer des nombres décimaux qui s’écrivent avec plus
de trois chiffres dans leur partie décimale".
Une application importante de la propriété d'intercalation est l'approximation
(plus tard, on dira qu'un nombre réel est un nombre qui possède un développement
décimal, limité ou non ...) et l'élève doit également être confronté à cette
notion, comme le stipule le programme avec la compétence "Donner une valeur approchée
d’un nombre décimal à l’unité près, au 1/10 ou au 1/100 près", pour lequel
il est commenté : "La notion de valeur approchée fait l’objet d’un tout premier travail
qui doit prendre sens pour l’élève, en relation avec un contexte issu de la vie courante,
de la physique, de la géographie ... Par exemple, pour la monnaie, on n’utilise que des
nombres avec deux décimales.
4) Les documents 1 et 2 présentent plusieurs méthodes pour comparer les nombres
décimaux.
a) En revenant à la définition d’un nombre décimal, justifier ces deux méthodes.
La méthode par recours à la mise au format est proposée par la deuxième méthode
du document 1. Il ne s'agit pas d'une procédure experte, mais d'une procédure
qui permet de faire des liens entre la comparaison sur les décimaux et
celle sur les entiers. Pour comparer deux décimaux donnés par leurs écritures à virgule,
il s'agit de les mettre tous deux au même format (i.e. avec le même nombre de
chiffres après la virgule en complétant au besoin les écritures à virgule par des
0, à droite), puis de les comparer en omettant la virgule et en les considérant
donc comme des entiers.
- Remarque : l'élève a vu la définition d'un nombre décimal à partir des fractions
décimales et n'est censé savoir comparer en fin de cycle 3 que des fractions ayant même
dénominateur, la tâche qui leur est proposée dans cette procédure relève donc de ce type de
comparaison puisque mettre deux nombres au même format revient à les exprimer
tous deux en dixièmes, ou en centièmes, ... puis de comparer les numérateurs.
La méthode utilisant l'ordre lexicographique est mise en lumière dans
la première méthode du document 1 et dans le document 2. Il s'agit d'une procédure experte.
Pour comparer deux décimaux donnés par leurs écritures à virgule,
il s'agit tout d'abord de comparer les parties entières, puis
si elles sont différentes
de conclure que le nombre le plus grand est celui qui possède la plus grande partie
entière
si elles sont égales, de classer les parties décimales
suivant l'ordre lexicographique (i.e. comme dans un dictionnaire) et de conclure
que le nombre le plus petit est le premier dans l'ordre lexicographique (i.e. le premier
dans le dictionnaire).
- Remarque : cette procédure experte ne peut devenir acceptable pour
l'élève qu'en donnant du sens à chacun des chiffres du développement décimal
et en faisant le lien avec la méthode par recours à la mise au format.
b) Les exemples proposés dans les documents 1 et 2 vous semblent ils pertinents ?
Justifier.
Première méthode du document 1.
- Il faut comparer 7,25 et 7,3. Pour comparer ces deux nombres, il suffit
avec cette méthode de comparer les chiffres 2 et 3 et il n'est pas expliqué
comment il faut faire pour comparer un chiffre et une absence de chiffre comme
en comparant 7,25 et 7,2, par exemple ou il faut comparer 5 et
" " ; les nombres choisis cachent donc une difficulté de la méthode.
Deuxième méthode du document 1.
- Il faut encore comparer 7,25 et 7,3. Cette fois-ci, les nombres sont bien
choisis puisqu'ils ne sont pas au même format.
Méthode du document 2.
- Les nombres à comparer sont à chaque moment de l'explication au même format,
et, de ce fait, l'élève peut les comparer en utilisant une méthode moins experte encore
que celle de la mise au format en omettant simplement la "," de l'écriture décimale du nombre
puis en comparant les entiers qui en résultent.
c) En vous inspirant des méthodes des documents 1 et 2, donner la règle de comparaison que
vous proposeriez à vos élèves. Justifier votre choix.
Pour comparer des nombres décimaux écrits avec la virgule ...
Premier cas : les parties entières sont différentes. Alors, le nombre le
plus grand est celui qui a la plus grande partie entière.
Deuxième cas : les parties entières sont égales. Alors, on compare les
parties décimales chiffre par chiffre (celui des dixièmes de l'un avec celui
des dixièmes de l'autre, celui des centièmes de l'un avec celui
des centièmes de l'autre, ...) jusqu'à ce que ces chiffres soient
différents (s'il n'existe pas de tels chiffres, les nombres sont égaux) et
en tenant compte du fait qu'une absence de chiffre est traitée comme une présence
du chiffre 0.
Le plus grand nombre est celui dont le chiffre est de rang le plus grand.
Pour le choix des nombres, je prendrais deux exemples :
12,345 et 12,4 puis 1,234 et 1,23.